Quelques semaines après son arrivée à Fell Church, Stella s’était faite engager au casino de la ville. Soyons francs : jamais elle n’aurait cru travailler dans un tel endroit un jour. Cependant, étant donné qu’elle avait testé à peu près tous les métiers et qu’elle avait besoin d’argent, elle ne crachait pas sur une nouvelle expérience bien payée. D’ailleurs, son job s’était avéré être exactement ce qu’elle recherchait. Certes, elle n’aimait pas trop les contacts humains ; elle détestait se forcer à sourire ou à être sympathique. Toutefois, elle était en contact avec des hommes riches qui, de temps en temps, lui offraient une bonne coupe de champagne. Comme aujourd’hui. Son rôle dans le casino était de faire jouer le plus d’argent possible aux clients. Sa manière de procéder ? La séduction. Elle essayait de les distraire afin qu’ils jouent gros presque sans le remarquer. De toute façon, ils avaient l’air extrêmement riches alors 10.000$ de plus ou de moins … A ce stade, ils ne devaient même pas le remarquer. Lorsqu’elle tombait sur un pigeon qui était attiré par elle, elle le poussait généralement vers le bar afin de le faire boire et qu’il n’ait plus les idées claires. Non seulement, il jouait plus gros à chaque mise mais, en plus, la rousse profitait d’un verre d’une bonne boisson. Tout le monde était gagnant. Feignant un éclat de rire à une blague très lourde de son client, une coupe de champagne à la main, c’est avec un certain agacement qu’elle vit apparaître Ivy dans son champ de vision. Elle se dirigeait vers elle. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui vouloir ? Stella ne la connaissait pas du tout, cependant, elle trouvait qu’elle dégageait quelque chose qui la mettait mal à l’aise. « Le patron veut te voir. Tout de suite. » La blonde resta plantée là comme la parfaite potiche qu’elle était. Stella soupira. « Excusez-moi, je n’en ai pas pour longtemps » dit-elle à son client déçu tandis qu’Ivy l’attirait vers l’ascenseur. Sans aucun ménagement, elle la poussa à l’intérieur alors qu’elle restait en bas pour monter la garde. Seule, prise au piège, Stella n’eut d’autres choix que de pénétrer dans le bureau de son patron. « J’étais en pleine discussion avec un client » dit-elle d’un ton mécontent. En soi, elle se fichait complètement d’avoir dû le quitter, cependant, elle aimait bien faire son travail. Fronçant les sourcils, elle resta debout, devant lui. Il ne l’impressionnait pas. Elle avait déjà croisé d’autres mecs comme lui. « Vous vouliez me voir ? » lui demanda-t-elle afin qu’il lui dise le motif de son appel et qu’il la laisse redescendre. Elle n’aimait pas rester dans la même pièce que lui trop longtemps. Dieu sait pourquoi.

Elijah était avachi sur sa chaise dispendieuse, fixant le plafond. Il n’avait jamais été très chanceux au niveau des relations avec les femmes et l’une de cet exemple était avec Kaliska. Il avait gaché leur couple alors qu’elle était la seule femme qu’il avait déjà aimé. Depuis ce temps, et ça faisait quand même dix ans, il ne s’était jamais casé avec une autre femme, jamais. Il avait eu des fréquentations, mais aussitôt que la femme avait des sentiments pour lui, il leur faisait gentiment comprendre qu’il ne cherchait pas ce genre de chose. Il aimait le sexe, avec bien des femmes alors les coups d’un soir, les relations sans lendemain, ça il connaissait! D’ailleurs, le genre d’homme qu’il était, arrogant et suffisant, les filles ne le trouvaient pas assez prince charmant pour tomber souvent amoureuse. Il était un parfait coup au lit, mais ça n’allait pas plus loin. Il abaissa son visage quand il entendit le ding sonore de l’acenseur et souria sans ménagement à la rousse. « J’étais en pleine discussion avec un client » Il ne perdit pas son sourire, s’avança sur le bureau et posa sa tête sur l’une de ses mains. « Oh mais tu m’en vois désolé. » Il la tutoyait depuis toujours, et avec le ton de sa voix on pouvait clairement comprendre qu’il était sarcastique. Elle restait plantée devant lui, près de son bureau. « Vous vouliez me voir ? » Ça lui semblait d’une évidence né, mais il n’en fit pas de commentaire désobligeant, du moins pas pour le moment. Il pointa la chaise qui faisait face à son bureau et lui dit : « Assieds-toi, je t’en pris. » Il s’assied comme il le fallait et commença à pianoter aves ses doigts sur le bureau. Il avait toujours un sourire confiant affiché sur le visage et auscultait la belle de fond en comble. Ce manège dura quelques secondes qui devaient semblées interminables. « J’ai décidé que ce soir, c’est moi que tu allais escorter. » Il grimaça quand il bougea ses épaules et lui fit une mine contrite avant d’ajouter : « Et en ce moment, j’ai incroyablement besoin d’un massage, j’ai les nerfs bloqués! » En disant cela, il enleva son costard pour rester avec sa chemise fine bleu.

Légèrement agacée, Stella s’assit sur la chaise, à la demande de son patron. Elle n’avait rien répondu à sa précédente remarque. Après tout, s’il la distrayait de son travail, c’est lui qui allait perdre de l’argent, pas elle. Alors, au fond, elle s’en fichait un peu. Même si elle était en position de faiblesse dans l’échange, elle ne baissa pas les yeux lorsqu’il la détailla. Ce n’était pas le genre de femme à être gênée devant un homme. Au contraire, elle avait un caractère fort qui ne se laissait pas facilement soumettre. Lorsqu’il reprit la parole, elle fronça directement les sourcils. Est-ce qu’elle avait bien entendu ? Elle garda quelques secondes de silence. Elle aussi le détaillait tandis qu’il retirait sa veste. Il avait vraiment l’air sérieux. En vérité, la situation était tellement irréelle qu’elle se retenait pour ne pas éclater de rire. Elle lui fit un sourire et essaya de lui exposer les choses calmement, comme s’il avait été complètement stupide. « Je ne suis pas masseuse, je suis escort. J’accompagne les clients, je les séduis et je les fait dépenser leur argent. Ça s’arrête là. Alors, je suis désolée mais, si vous voulez un message, il va falloir demander à quelqu’un d’autre. Pourquoi pas à la blonde qui attend en bas ? » Tout en parlant, elle s’était levée. Elle avait signé pour les fonctions qu’elle venait de citer. Point. Elle ne savait pas trop pour qui il la prenait mais, en tous cas, elle comptait bien lui montrer sa manière de penser. Même si elle était restée polie vu que c’était son patron, il n’y avait aucune ambigüité sur le fait qu’il était hors de question pour elle de lui faire un massage. Il n’était pas désagréable à regarder mais, au fond, c’était un homme comme un autre. Il n’avait rien de très particulier. Ne cachant pas son ennui, elle s’adressa une dernière fois à lui. « Est-ce qu’il y avait autre chose ou est-ce que je peux partir ? » Elle resta immobile quelques secondes et, étant donné qu’il ne dit rien, elle s’avança près de la porte. Il était hors de question pour elle qu’il lui demande tout ce qu’il lui passait par la tête pour la simple et bonne raison qu’elle travaillait pour lui. Elle n’était pas sa boniche et ne le serait jamais.