it's time to feel the rush, to push the dangerous i'm gonna run right to, to the edge with you.

Plantée devant son placard depuis plus de trois minutes sans avoir bougé le petit doigt, Ivy soupira et se remit en mouvement. Sortant son portable de la poche arrière de son jean, elle vérifia ses messages et maudit Tobias pour ne pas vouloir se nourrir avec elle. Lorsqu’il venait, elle avait moins de remord à drainer un pauvre innocent de quelques centilitres de sang, allez savoir pourquoi. Sa présence le rassurait et avec lui dans les parages elle savait qu’il ne la laisserait tuer personne, quoi qu’il arrive. Elle serait donc obligée de se nourrir seule ce soir et cette pensée la perturbait plus que de raison. Elle avait déjà imaginé le plan de la soirée et savait donc exactement comment cela allait se passer. Cela ne la rassurait pas pour autant mais il fallait bien qu’elle se nourrisse. Inspirant profondément, elle jeta son portable sur son lit et replongea dans son placard pour en ressortir avec la tenue parfaite. Ivy respirait la passion et la luxure mais elle prenait un point d’honneur à s’habiller en racoleuse les soirs où elle sortait. Après tout c’était du sexe qu’elle cherchait et s’il suintait déjà par tous les pores de son corps, c’est aussi ce que véhiculait l’image de ses vêtements. Une demi-heure plus tard, elle s’observa dans la glace et ne put s’empêcher d’esquisser un sourire à son reflet. Ses cheveux relevés en un chignon esthétique mettaient en valeur ses yeux savamment maquillés d’or, qui rappelaient sa robe bustier indécemment courte. Elle décida de se passer de sac à main et cala simplement quelques billets dans son soutien gorge et quitta sa chambre. En passant, l’odeur sucrée de Bay lui apprit qu’elle était à la maison mais elle ne voulait surtout pas la croiser. Elle avait faim et n’était pas d’humeur à tenir une conversation sans y penser. « Je sors. » Elle partit la queue entre les deux jambes telle une lâche et claqua la porte derrière elle. S’installant dans son Audi décapotable, elle lança un regard plein de regret à sa Ducati qu’elle ne pouvait clairement pas conduire ainsi apprêtée.

Il lui fallut une dizaine de minutes pour rejoindre le Palladium et à peine quelques secondes pour y entrer, elle détestait faire la queue et connaissait de toute façon tous les videurs y venant toutes les semaines. Il n’y avait pas à dire, c’était son terrain de chasse favori. Une fois à l’intérieur, elle s’arrêta à l’entrée de la salle et prit une longue inspiration. Enivrant. Secouant la tête en souriant, elle fendit la foule avec grâce pour rejoindre le centre de la piste de danse. Sensuelle à souhait, elle commença à se déhancher au rythme de la musique. Elle n’avait besoin d’hypnotiser personne pour se faire remarquer et Ivy ne resta seule pas bien longtemps. Ici, au milieu de tout ces gens, elle pouvait avoir l’impression d’être une jeune femme tout à fait normale pendant quelques minutes. Danser, sourire, flirter, tout cela était affreusement banal. Mais très vite, l’odeur entêtante de leur sang venait la torturer. Et plus elle restait, plus sa soif se faisait forte, et plus elle se haïssait pour ce qu’elle était en train de faire. Un prédateur, un prédateur à la recherche de sa prochaine proie, voila ce qu’elle était. S’éloignant du brun contre qui elle s’était déhanchée sur la dernière chanson, elle rejoignit le bar à grande foulée. Elle avait besoin de se nourrir. Maintenant. Et elle trouverait bien quelqu’un au bar. Se commandant un martini pour s’occuper les mains, elle observa les personnes accoudées près d’elle et écarquilla légèrement les yeux lorsqu’Aleksandra apparut dans son champ de vision. Près d’elle, bien trop près. Sans un mot, l’homme qui les séparait quitta son tabouret, les laissant libre de converser. Ce qui n’était absolument pas du gout de la blonde qui s’empressa de tourner la tête. C’était trop tard bien évidemment. Soupirant, elle sourit à l’homme qui venait de lui offrir son verre que lui désigna le barman avant de se tourner vers la salle pour le siroter. « Je ne suis pas d’humeur. » Sachant pertinemment que la brune l’avait entendu, elle n’ajouta rien de plus. Si elle le pouvait, elle irait même jusqu’à prier Dieu pour qu’il lui permette de ne pas avoir à subir Aleksandra. Elle avait faim, elle était de mauvaise humeur, elle n’était pas prête à subir les sempiternelles conseils de la jeune femme. Parce qu’elle était au bord du précipice, et qu’elle n’avait qu’un pas à faire pour chuter. Un seul pas.